Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/20

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et de classe, dont toute la Méditerranée faisait usage désormais.

Dès les ve et ive siècles, les Athéniens avaient fait des « Poésies » le manuel scolaire, l’encyclopédie de toute science et de toute sagesse, la Bible cultuelle, scientifique et philosophique, où l’Hellène digne de ce nom avait à chercher ses règles de conduite, ses idées sur les dieux, ses connaissances du monde et de l’homme, sa morale et sa foi, en même temps que ses modèles de bien penser et de bien dire.

Mais les victoires d’Alexandre vinrent décupler, centupler le champ et le nombre de cette clientèle homérique : disciple d’Aristote, Alexandre était parti à la conquête de l’Asie en emportant dans sa cassette l’édition de l’Iliade, que lui avait spécialement préparée son maître pour cette marche contre le Barbare. De cet « Homère à la cassette », tombèrent, depuis le Bosphore jusqu’aux bords du Tigre, de l’Oxus et du Nil, les semences d’où le panhellénisme levantin germa, puis grandit et pullula.

La Méditerranée du couchant voyait fleurir pareillement et grandir et se multiplier les colonies politiques et les comptoirs commerciaux, qui avaient implanté la langue d’Homère jusqu’aux bouches de notre Rhône, de notre Èbre et de notre Guadalquivir.