Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/31

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peut-être à tous les auditeurs de l’épos. Mais, Ulysse ne devant la conter aux Phéaciens que cinq ou six cents vers plus tard, comment la reine pouvait-elle en parler déjà ?

Or la reine Arété apporta du trésor son coffre le plus beau et l’offrit à son hôte, puis, au fond, déposant les cadeaux magnifiques, les vêtements et l’or, présents des Phéaciens, ajouta pour son compte une écharpe, une robe et dit ces mots ailés à l’adresse d’Ulysse :

Arété. — Vite !… A toi maintenant de veiller au couvercle et d’y mettre le nœud. Il ne faut pas qu’en route, à bord du noir vaisseau, on te trompe à nouveau, lorsque tu dormiras du plus doux des sommeils.

Le héros d’endurance, Ulysse le divin, eut à peine entendu qu’ajustant le couvercle, il y mettait le nœud dont l’auguste Circé lui avait autrefois enseigné le secret…

Nulle part, le texte authentique de l’Odyssée ne fait la moindre allusion à ce nœud de l’auguste Circé. Par contre, il contient le long récit de la façon dont, à bord du noir vaisseau, fut trompée la confiance d’Ulysse en son équipage.

Ulysse avait été reçu avec une amitié parfaite et, tout un mois, traité par le régisseur des vents, le roi des Lipari, Éole.

Nous montons vers le bourg, jusqu’à son beau manoir. Éole, tout un mois, me traite et m’interroge,