Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/42

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Or le divin porcher, ayant pris l’arc courbé, le portait vers Ulysse. Mais tous les prétendants le huaient dans la salle.

Un de ces jeunes fats s’en allait, répétant :

Le Chœur. — Misérable porcher, à qui donc t’en vas-tu porter cet arc courbé ?… Attends un peu, vieux fou ! auprès de tes pourceaux, abandonné de tous, les chiens coureurs que tu nourris te mangeront, si jamais Apollon et le reste des dieux daignent nous écouter !

Il disait. Le porcher remit l’arc en sa place. Mais Télémaque alors lui cria des menaces :

Télémaque. — Vieux frère, avance donc ! va lui porter cet arc !… Il t’en cuirait bientôt d’écouter tous ces gens ! Je vais te reconduire aux champs, à coups de pierres, car je suis ton cadet, mais non pas le moins fort…

Le Porcher reprend l’arc et s’en va le remettre aux mains d’Ulysse.

Ulysse tenait l’arc, le tournait, retournait, tâtant de-ci de-là et craignant que les vers n’eussent rongé la corne, en l’absence du maître, et l’un des prétendants disait à son voisin :

Le Chœur. — Voilà un connaisseur qui sait jouer de l’arc !… pour sûr, il a chez lui de pareils instruments ou songe à s’en faire un !… Voyez comme ce gueux le tourne et le retourne en ses mains misérables !

Mais un autre de ces jeunes fats s’écria :