Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/48

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Autant de questions qui restent encore sans réponse, mais qu’un heureux apport des archéologues tranchera le jour où la côte de l’Ionie, délivrée de la servitude ottomane, s’ouvrira aux fouilles méthodiques de nos savants. Chaque libération d’un morceau de la patrie grecque a été la résurrection d’une époque hellénique. Avant Navarin et l’expédition française de Morée, nous ne savions rien de vrai sur l’Hellade classique : nos prédécesseurs des xviie et xviiie siècles la confondaient avec le reste du monde antique et tous les « Anciens », héros de Troie, orateurs et philosophes d’Athènes ou soldats des guerres médiques, étaient affublés de la toge romaine ou du casque légionnaire. Avant la libération de la Thessalie, nous connaissions moins encore l’Hellade archaïque. Avant la libération de la Crète, les manoirs et les arts minoens restaient ensevelis sous quarante siècles de ruines. Nos fils, plus heureux que nous, retrouveront et pourront étudier les sept villes d’Homère.

J’admettrais sans peine que les Achéens, même avant leur descente en Grèce, avaient déjà les rudiments de leur épos ; mais je crois qu’ils les développèrent et perfectionnèrent grandement dans leurs manoirs de Thessalie et du Péloponnèse, au contact des civilisations indigènes et étrangères. Il est possible que, même