Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/53

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goût d’une humanité plus ardente et plus neuve. L’histoire vraie de ces tournées nous rendrait, par comparaison, le sort de l’épos aux premiers temps de cette Grande Grèce des viiie et viie siècles avant notre ère.

Chez nous, les représentations exotiques de nos acteurs ont eu une influence indéniable et profonde, et durable, hélas ! sur les destinées de l’art dramatique et du métier théâtral : elles les firent l’un et l’autre, — ce que nous les voyons aujourd’hui dans toute l’Europe, — d’exhibition et de parade plutôt que de psychologie et de style… En fut-il jadis pareillement pour le drame épique ?...

Nous connaissons assez mal les représentations des rhapsodes à l’époque la plus récente ; malgré son ton de satire, le dialogue socratique, intitulé Ion, peut néanmoins nous renseigner quelque peu. Il nous montre en scène l’un de ces récitants, chamarrés et dorés comme les plus brillants de nos matadors, criant, pleurant, riant, gesticulant, mimant des yeux et de tout le visage le texte récité. Cet Ion est un acteur en tournée, qui vient de remporter le prix au concours d’Épidaure et compte le remporter au concours des Panathénées. On sait que,