Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/61

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— Et voyons ! celui-ci, ma fille, quel est-il ?

— C’est le fils de Laerte, celui-là ! c’est Ulysse.

Et le dialogue se poursuit avec cette alternance des gestes de Priam et des gestes d’Hélène.

Dans l’Odyssée, Ulysse, débarqué de nuit, en plein sommeil, par les Phéaciens qui l’ont déposé sur la rive, auprès de leurs riches cadeaux, s’éveille devant la rade d’Ithaque. Il ne peut pas reconnaître la terre des aïeux : Athéna l’a drapé d’une épaisse nuée, car elle se réserve le plaisir de lui ouvrir les yeux et de l’informer elle-même. Elle se présente à lui sous les traits d’un jeune pastoureau, « d’un tendre adolescent qui serait fils de roi ».

Ulysse en la voyant eut le cœur plein de joie. Il vint à sa rencontre et dit ces mots ailés :

Ulysse. — Ami, puisqu’en ces lieux, c’est toi que, le premier, je rencontre, salut ! Accueille-moi sans haine ! et sauve-moi ces biens !… et me sauve moi-même ! Comme un dieu, je t’implore et suis à tes genoux. Dis-moi tout net encor ; j’ai besoin de savoir : quel est donc ce pays ? et quel en est le peuple ? et quelle en est la race ?… Est-ce une île pointant sur les flots comme une aire ou, penchée sur la mer, n’est-ce que l’avancée d’un continent fertile ?

Athéna, la déesse aux yeux pers, répliqua :

Athéna. — Es-tu fol, étranger, ou viens-tu de si loin ?… Sur cette terre, ici, c’est toi qui m’interroges ? Pourtant, elle n’est pas à ce point inconnue :