Aller au contenu

Page:Bérillon - La Polychésie de la race allemande, 1915.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 14 —

une désagréable surprise. En dépliant les serviettes, on s’aperçut que les officiers allemands avaient déposé le produit de la digestion dans les serviettes en guise de cartes de visite. Après les avoir repliées, ils les avaient replacées dans les armoires où la maîtresse de la maison les trouva soigneusement rangées.

Au château de Grevel, magnifique propriété de M. Munchen, bourgmestre de la ville de Luxembourg, le prince de Radziwill, diplomate catholique accrédité au Vatican, passa quelques jours avec son état-major. Après son départ, on trouva le grand salon d’honneur, décoré de meubles recouverts de moire blanche, entièrement souillé. La moire disparaissait sous une couche de sépia. Dans la salle à manger, les soupières, les sauciers d’argent étaient garnis de matières fécales. Les verres en cristal étant remplis d’urine, on se serait cru dans le laboratoire d’analyses d’un pharmacien.

L’impératrice d’Allemagne ayant témoigné le désir de séjourner dans cette demeure princière, elle y fut conduite avec tous les honneurs dus à son rang. À la vue du désordre scatologique qui régnait en ces lieux, elle témoigna d’une vive indignation, croyant à un affront prémédité.

Elle s’informa. « Mais qui donc a résidé ici ? » On lui répondit : « C’est le prince de Radziwill, avec son état-major. »

Le soir, le majordome de la cour se rendit chez M. Munchen et lui offrit une somme de huit cents marks pour réparer les dommages et procéder au nettoyage.

Le bourgmestre refusa en disant : « Je désire conserver le plus longtemps possible le témoignage indéniable du passage de l’armée allemande. »

À ces faits attestés par les témoins oculaires de l’autorité la moins contestable, il nous est possible de joindre des documents empruntés à des sources rigoureusement officielles.

Dans plusieurs cas, des soldats allemands ivres, revêtus de vêtements sacerdotaux, dansèrent des sarabandes devant les autels et employèrent les vases sacrés pour leurs libations avant des les soumettre à d’autres profanations plus révoltantes[1] ».

On pourrait supposer que les auteurs de ces actes sacrilèges étaient des luthériens animés par la haine de la religion catholique, qu’on se détrompe. Ils furent accomplis par des bavarois catholiques.

Il en fut de même des atrocités officiellement certifiées par

  1. D’après le témoignage de Mgr de Wachter, évêque coadjuteur du cardinal Mercier, cité par P. Saintyves : « Les Responsabilités de l’Allemagne dans la guerre de 1914, page 491. ».