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WOZZECK

CASERNE
ANDRÊS. WOZZECK (fouille dans ses effets).

Wozzeck. — La veste, Andrès, n’appartient pas à l’uniforme. Elle peut te servir, Andrès ! La croix est à ma sœur, ainsi que la petite bague ; j’ai de plus deux cœurs, en bon or. Celui-ci était dans la Bible de ma mère, et on y lit :

Que la souffrance soit tout mon lot,
Que la souffrance soit mon culte !
Seigneur ! comme ton corps était rouge et blessé,
Laisse mon cœur l’être à toute heure.

Andrès (immobile, le regarde d’un air étonné, secoue la tête et dit à tous). — Oui !

Wozzeck (tire un papier). — Jean-François Wozzeck, réserviste et fusilier au 2e régiment, 2e bataillon, 4e compagnie, né le jour de l’Annonciation de la Vierge, le 20 juillet. (Il murmure le chiffre de l’année.) J’ai aujourd’hui trente ans, sept mois et douze jours.

Andrès. — Franz, tu prends le chemin de l’hôpital. Bois du schnaps auquel tu mêleras de la poudre, cela tue la fiévre.

Wozzeck. — Oui, Andrès, quand le menuisier rassemble ses copeaux, personne ne sait qui y posera sa tête.

SENTIER SOUS BOIS AU BORD D’UN ÉTANG
(Il fait sombre).
WOZZECK. MARIE.

Marie. — Par là, à gauche, on va à la ville. C’est encore loin. Avance plus vite.