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C. E. CASGRAIN.

Voici les souvenirs qui me restent de la personne de votre grand-père. C’était un fort bel homme, d’une haute taille, un peu replet, d’une physionomie douce ayant toujours le sourire sur les lèvres. Il avait le regard très-fin, la parole un peu embarrassée par un léger grasseyement, et par cet accent particulier aux personnes qui parlent du bout de la langue. Le côté le plus saillant de ses facultés était cet esprit d’entreprise, cette intelligence ou plutôt cette intuition des affaires qu’on remarque chez ceux qui font des fortunes rapides. Il n’est pas besoin de vous rappeler que M. Casgrain avait d’abord parcouru les deux rives de notre fleuve, comme marchand ambulant. Il avait fait partie de cette classe de petits négociants devenus si rares de nos jours, et qu’on désigne sous le nom de porte-cassettes. Ne rougissant pas de l’origine de sa fortune,