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comme un homme raisonnable, et tu aurais été guéri depuis, si tu acceptais cela des saints Docteurs de l’Église que le Saint-Esprit a fait parler et qui ont expliqué tout ce qui concerne Jésus-Christ par la raison et les Livres saints. Voici donc une démonstration de la doctrine chrétienne si bien raisonnée qu’elle oblige nécessairement tout homme raisonnable et de bonne volonté de l’accepter, car la raison conduit évidemment à Jésus-Christ, et celui-ci constate et justifie Moïse et les Prophètes ; donc nous avons l’Ancien et le Nouveau Testament, et, comme dit Salomon dans le Cantique des Cantiques : « Sur nos portes sont tous les fruits, les anciens et les nouveaux. » (vii, 13.)


II


Mais à quoi cela sert-il à tous les chrétiens ? Il sert seulement à nous Chalcédoniens ; il ne sert à rien aux Nestoriens, ni aux Jacobites, ni aux Julianistes[1], ni aux « Monothélites », ni aux autres hérétiques qui se nomment aussi chrétiens. Chacun d’eux prend pour lui tout ce que nous avons dit pour prouver la divinité du Christianisme, et il croit être le vrai chrétien.

Ayant démontré le Christianisme et prouvé qu’il est la seule, la véritable d’entre toutes les autres religions, il nous faut faire séparer notre doctrine orthodoxe de toutes les hérésies, et prouver qu’elle est la seule vraie et que toutes les doctrines de ces hérésies sont fausses. Nous l’avons déjà prouvé ailleurs, par le secours du Saint-Esprit, dans une étude délicate et précise pour les gens intelligents et capables d’étudier les choses obscures que ne comprennent pas les esprits vulgaires ; mais l’étude précise et délicate ne satisfait pas l’esprit commun du vulgaire, le bas peuple et les gens des champs et autres, et ne leur procure aucunement la guérison. Il faut donc leur frayer une autre voie claire et lumineuse que puissent suivre sûrement et facilement les gens d’intelligence supérieure et ceux d’intelligence ordinaire, c’est-à-dire le philosophe et le bas peuple.

  1. C’est la lecture la plus correcte des manuscrits et la plus vraisemblable pour l’histoire de ces hérétiques contemporains de Théodore. Voir p. 5.