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siéges de l’amirauté ; il donnait les congés, passe-ports, commissions et sauf-conduits aux capitaines des bâtiments particuliers armés en guerre, et contre-signait les brevets des officiers militaires et civils de la marine. Le 10° des prises et des rançons, le tiers* de tout ce qu’on tirait de la mer ou qu’elle rejetait, les droits d’ancrage, tonnage et balise, et les amendes prononcées par les sièges de Vamirauté, lui appartenaient. Sous le 1" Empire et sous la Restauration, les prérogatives de l’amiral se bornèrent à la communication des ordres du souverain, et au contre-seing des brevets et commissions des officiers de la marine. Aujourd’hui le titre d’amiral est assimilé ît celui de maréchal de France ; l’amiral a un li- : iitement de 30,000 fi-. ; le vaisseau sur lequel il nrbore son pavillon s’appelle vaisseau-amiral ; ce pavillon, aux couleurs nationales, à la forme carrée, et se place au sommet du grand mat. Il y a au Cabinet des estampes de Paris une belle collection de portraits des amiraux de France. Dans les ports militaires, il y a un vaisseau dit amiral, sur lequel flotte le pavillon du préfet maritime ; il est affecté à la police du port ; c’est là que se tiennent les conseils de guerre, que les officiers subissent leurs arrêts, et que les soldats sont retenus en prison ; il sert aussi à. passer les revues.- Le titre d’amiral a été adopté dans tous les pays, excepté en Turquie, où le chef de la flotte s’appelle capilan-pacha.

AMIRAUTE, nom donné en France, avant 1789, à une juridiction qui connaissait des contestations en matière de marine et de commerce de mer, tant au civil qu”au criminel. Elle se composait de l’amiral de France, d’un lieutenant géné :-al, d’un lieutenant particulier, d’un lieutenant criminel, de cinq conseillers, d’un procureur du roi, de trois substituts, d’un greffier, et de plusieurs huissiers (V. Aniimuïé, dans notre Diclionn. de Biographie et d’Histoire). - Il existe aujourd’hui un Conseil de Pamiraulé, créé le 4 août 1824, réorganisé par une ordonnance du 26 août 1830, modifié par un arrêté du gouvernement provisoire en date du 3 mai 1848, et ramené presque aux premières conditions de son existence par décret du président de la République en date du 16 janvier 1850, et par décret impérial du 9 juin 1852. Ce conseil, présidé par le ministre de la marine, et, en son absence, par Pofficier général le plus élevé en grade, se compose de cinq membres titulaires, ’d’un secrétaire, et de trois membres adjoints, nommés- pour trois ans. Les membres adjoints n”ont voix délibérative que dans les affaires dont ils font le rapport, ou quand ils remplacent un membre titulaire. L’amirauté donne ses’avis relativement a l’administration générale de la marine et des colonies, à l’organisation de l’armée navale, au mode d’approvisionnement, aux constructions navales et travaux maritimes, ù l’emploi des flottes en temps de paix. Son opinion est demandée sur tous les projets de loi, décrets, arrêtés ou règlements, mais sans qu’elle puisse lier le ministre. L’amirauté dresse encore, chaque année, d’aprèS les rapports et les propositions des inspecteurs généraux, des préfets maritimes, etc., le tableau des officiers (moins les officiers généraux, les capitaines de vaisseau, et les officiers des corps de marine qui leur sont assimilés) pour l’avancement au choix et pour la décoration de la Légion d’honneur. Le ministre, en cas de.services extraordinaires ou de

peut inscrire d’ofl“ice sur ce tableau. B. AMIS et AMYLE, un des romans carolingiens (V. ce mall » Qù est célébrée l’amitié parfaite. Les deux héros, nés le même jour, ayant même visage, même taille, mêmes habitudes, mêmes pensées, courent ensemble les aventures, se dévouent sans cesse l’un à l’autre, et triomphent des intrigues, du traître Hardré, dont Amis a cependant épousé la fille. Quant à Amyle, il a obtenu la main de Belissent, fille de Charlemagne. Tous deux meurent au retour d’un pèlerinage eu Palestine, dans un combat livré par Charlemagne à Didier, roi des Lombards, et leurs corps, enterrés loin l’un de l’autre, se rejoignent dans le même tombeau. - Cette chanson est une des plus anciennes et des plus curieuses de notre littérature. La légende en était fort populaire ; czg* elle a été conservée sous diverses formes, vers latins, prose latine, prose française, dialogue rimé, et chanson de geste. Les diverses parties qui composent la chanson ne sont pas liées naturellement ; elles peuvent être détachées pour former de petites chansons indépendantes et coniplètes. On est donc autorisé a croire que l’auteur du’ xiu’siècle, dont l”œuvre nous est parvenue, a résumé dans un seul ouvrage un grand nombre de compositions plus anciennes ; mais il l’a fait avec un rare talent d’e› ;missions spéciales,

position et de brièveté. Le texte le plus ancien n’a guère plus de 3,000 vers ; il est du xm° siècle, et n’a pas été publié.*D’autres manuscrits du xiv° et du xv° siècle contiennent le même sujet délayé en 6,000 et 10,000 vers. Ijantiquité de cette légende ne saurait être contestée : la plus ancienne chanson d’Ogier le Danois, celle de Raimbert, rappelle en quelques vers la mort dûtmis et d’Amyle. Enfin M. Francisque Michel a publié le Miracle de Nolre< Dame d’Amis et Amyle, drame du xxv’siècle, dont l’auteur a mis en scènes dialoguées le meurtre des enfants d’Amyle, immolés par leur père pour la guérison d“Amis, et la résurrection des enfants, qu”il attribue à la S“° Vierge. V. la Bibliothèque des romans (déc. 1778), et l’IIisfoire littéraire de la France, t. XXII. H. D.. Anis ons lurrs (Sociétés des), sociétés formées dans différentes *villes pour encourager les beaux-arts. Ceux qui en font partie prennent une ou plusieurs actions, dont le produit est employé à. l’achat d’œuvres d’artistes vivants. Ces œuvres, choisies d’ordinaire pendant les Expositions, servent à former une loterie. Anis ma Univraivca (Société des), société établie à Paris pour secourir les jeunes garçons pauvres. On leur donne l’ódncation nécessaire a l’exercice d’une profession industrielle, puis on les place dans des ateliers d’apprentissage. Outre les cotisations de ses membres, la société reçoit des subventions annuelles des ministères de l’intérieur et de l’instruction publique, ainsi que du conseil général de la Seine.

Anis ons sciences (Société des), association fondée å Paris, en 1857, pour venir au secours des savants malheureux. Pour avoir droit aux secours, il faut être Français ou étranger naturalisé, et être auteur de quelque travail j ugé digne par l’Académie des Sciences d’être imprimé dans le recueil des Mémoires des savants étrangers, ou au moins approuvé par elle. Ce droit appartient aussi au père et à la mère, à la veuve et aux enfants. Il nlest pas nécessaire d’avoir été souscripteur pour être secouru. Les ressources de la société sont les cotisations de ses membres et les dons qui lui sont faits. Le chimiste Thénard, un des fondateurs de l’œuvre, versa 20,000 fr. AMITIÉ, all’ection individuelle que nous ressentons å l’égard d’une personne, en raison de qualités qui la distinguent et qui nous la rendent particulièrement aimable. C’est par la que l’amitié diffère de la bienveillance générale que l’homme, dans les conditions ordinaires, éprouve pour l’homme, sans acception de personne, et de l’amour, qui suppose la différence des sexes. En principe l’amitié est un sentiment si naturel, que les ames les plus grossières et même les plus dépravées ne laissent pas d’y être accessibles ; mais elle s’épure sous l’influence de la raisonaet de la vertu, et devient elle-même une vertu, digne de cette belle définition : u L’amitié u n’est autre chose que le parfait accord de deux ames n sur les choses divines et humaines avec une bienveillance mutuelle... C’êst la vertu qui fait naître et entretient l’amitié ; car sans elle il ne peut y avoir d’amitié véritable. » (Cicéron, De Amícília, VI.) L. de Sacy, auteur d’un Traité de l’Amilié, publié en 1702, a dit à peu près de même 1 « L’amitié est une parfaite union des cœurs formée par le mérite et la vertu, et confirmée par la ressemblance des mœurs. » L’amitié, en tant que manifestation instinctive du besoin d’aimer, est d’abord égoïste, comme tous les instincts : c’est nous que nous aimons dans la personne aimée. Nous ne parlons pas ici de cette prétendue amitié que quelques écrivains satiriques ont justement ilétrio, et qui n’est en réalité qu’une spéculation hypocrite, ou une exploitation de- la facilité d’autrui. Il est par trop évident, quoi qu’en aient pu dire les adeptes de cette triste secte qui ne voit en toutes choses qu’un calcul intéressé, que ce n’est pas faire profession d’amitié que d’en rendre les devoirs extérieurs en vue d’avantages et ile services espérés. Il sera même bon, à ce sujet, de se mettre en garde contre soi-même, et de ne pas profaner ce beauf, ce doux nom d’amitié en Fappliquant a des liaisons qui, en réalité, ne nous touchent que parce qu’elles ílattent notre amour-propre ou servent nos intérêts, comme celles dont La Iiochefoucauld a dit : L’amitié n’est qu’un commerce où l’amour-propre se propose toujours quelque chose à gagner ; » et : n Nous nous persuadons souvent d’aimer les gens plus puissants que nous, et néanmoins c’est l’intérêt seul qui produit notre amitié ; nous ne nous donnons pas tl eux pour le bien que nous leur voulons faire, mais pour celui que nous en voulons recevoir. » Illlatvinzes, S3 si en i ’

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