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conséquences ; les juges doivent être indépendants du pouvoir, et ne se trouver jamais dans le cas d’avoir et hésiter entre leur devoir et leur intérêt. Mais les membres du Parquet et les juges de paix sont amovibles. B.

AMPHIBOLIE (du grec amphi-balléin, jeter autour, terme de Logique employé par Kant dans sa Critique de a raison pure, pour signifier une forme particulière d’équivoque qui vient de ce que l’on confond l’objet propre et distinct de deux facultés différentes, et que l’on donne it l’un de ces objets les qualités de l’autre. Quand on veut juger par la raison de ce qui est du ressort de l’expúrience, ou percevoir comme fait d’observation ce qui, ne peut être conçu que par l’entendement, ou bien si on confond les idées purement logiques avec les conceptions métaphysiques, on fait des amphiboles. Ainsi, la notion d’ident.ité est une notion d priori ; si on en fait une qualité perçue par l’expérience et simplement généralisée, on rapporte à une faculté ce qui est du ressort d’une autre faculté. Kant observe avec raison que de la naissent une multitude d’erreurs en philosophie. B-D.

AMPHIBOLOGIE (du grec amphiboles, ambigu), défaut du style qui provient généralement d’une mauvaise construction, et qui fait que le lecteur voit dans une phrase deux sens possibles. La source la plus commune des amphibologies en français est l’emploi fautif des pronoms qui, que, dont, il, le la, les, des adjectifs son, sa, ses. Dans cette phrase : u C*est la cause de cet effet dont je vous entretiendrai à loisir, » dont représente-t-il cause ou effet ? Dans celle-ci : u C’est le fils de cet homme qui est venu, que vous avez vu, » a quoi rapporter qui et que ? Il y a un’vice de construction qui approche bien de Yamphibologie dans cette phrase de Fénelon : ri Il alla avec eux sous les voûtes dorées du brillant Olympe boire le nectar, où les dieux lui donnèrent pour épouse l’immortelle Héhé ; » en mettant et la, le vice disparaît. On évite ce défaut en mettant toujours les mots à la place que marque la liaison des idées. Cela est moins nécessaire dans les langues pourvues de cas, comme l’allemand, le latin, le grec ; mais comme, dans, ces langues mêmes, il y a certains cas qui se ressemblent, si l’on ne prend un grand soin de la construction, le lecteur peut hésiter. Il y a certaines amphibologies qui sont dans la pensée en même temps que dans l’expression, -et qui sont des amphibologies dans toute espèce de langues : tel est le fameux oracle qui annonçait au roi de Lydie Crésus qu’íl détruirait un grand empire s’il passait l’l*lalysJ Or, ce fleuve séparait les possessions des Lydiens, maîtres de l’Asie Mineure, de celles des Mèdes et des Porses, qui occupaient l’Asie centrale de ce temps-la ; les mots grand empire pouvaient donc désigner aussi bien la Lydie que l’empire médo-persan. Aussi quand Crésms fut battu, Poracle se trouva aussi bien accompli que s’il eut été vainqueur.

AMNIIBBAQUB, terme de Prosodie ancienne ; pied formé d’une brève, d’une longue et d’une brève : mïnörä. On le nomme aussi Brachychorée, c.-à-d. chorée précédé d’une brève.

AMPHICHORDU M ou Lvm-1 eauecmmn, espèce de viole à M cordes, inventée ou Italie, au commencement du XVlll= siècle, par Jean Doni.

AMPHIDRYON, voile ou rideau qu’on tirait à. Yentrée du sanctuaire dans les anciennes églises. AMPHIGOURI (du grec amphi, autour, guros. cercle), écrit burlesque, composé à dessein de phrases inintelligibles ou de mots calques sur des mots empruntés a des langues étrangères. Tel est le jargon que Rabelais préte à. un écolier limousin qui, rencontrant Pantagruel 21 Orléans, et interrogé par lui d’où il venait, lui répondit : ii De Palme, inclyte et célèbre académie que l’on vocíte Lutèce ; » et il continue pendant trois pages a lui parler un langage composé de mots latins affublés de terminaisons françaises : ri Nous transfretons la Séquane au dilu« cule et crépuscule, etc. w Tels sont la plaidoirie de Petit-Jean dans les Plaideurs de Racine, le compliment de Thomas Diafoirus dans le Malade imaginaire de Molière, et aussi le jargon que cet auteur prete à Madelon dans les Précieuses ridicules : n Mon Dieu, mes chères, nous vous demandons pardon. Ces messieurs ont eu fantaisie de nous donner les ames des pieds ; et nous vous avons envoyé querir pour remplir les vides de notre assemblée. » Molière fait dire aussi à Cathos : « Mais, de grâce, Monsieur, ne soyez pas inexorable à ce fauteuil, qui vous-tend les bras il y a un quart d’heure ; contentez un peu l’envie qu’íl a de vous embrasser. » à Attachez un per. sur ces gants la réflexion de votre odorat, » dit ailleurs Mascarille. C’est Pamphigouri des gens qui ne

peuvent se résigner a dire simplement les choses les plus simples. La scène de la consultation dans le 2° acte du Médecin malgré lui est aussi un véritable amphigouri : Sganarelle se perd au milieu d’une foule de termes techniques qu’il entasse sans qu’on y puisse rien comprendre, et sans qu’il comprenne lui-même rien de ce qu’il débite. C’est Pamphigouri des charlatans, qui savent toujours parler avec assurance de ce qu’ils ne connaissent point, et profiter de l’ignorance crédule des sots qui les écoutent, et qui trouvent ce langage d’autant plus beau : qu”ils n’y entendent rien. - En poésie, on nomme enr core amphigouri une parodie en style amphigourique ; Scarron aécrit beaucoup de morceaux de ce genre ; os : en trouve également des exemples dans Collé. P. AMPHIMACBE. V. CRÉTIQUE.

AMPHION. Le musée de Florence possède une statue antique d’Amphion pleurant ses enfants. On voit au musée de Naples un groupe en marbre d’Apollonius et de Tauriscus, représentant le supplice de Dircé ; ce morceau, le plus grand que Pantíquité nous ait laissé, a été trouvé au milieu du xvi° siècle, et est connu sous le nom de Taureau Farnèse. Un médaillon de bronze de Thyatire en Lydie (V. Eckel, De nummis veterum anecd., tab. 15), un camée du musée Borbonico à Naples, une pierre gravée publiée dans la Galerie mythologique de Millin (pl. MO), représentent ce même supplice. On a enfin des vases italo-grecs où Amphion est figuré avec son frère Zéthus et sa mère Antiope.

AMPHIPROSTYLE (du grec amphi, autour, et prostulè, qui a des colonnes en avant), terme assez impropre par lequel on désigne un temple dont la cella ou le corps n’est pas environné de colonnes comme les périptères, et qui n”a qu’un portique de 4 colonnes aux deux faces antérieure et postérieure. Tel est le temple situé à Athènes sur l’Ilissus. « B.

AMPHISCIENS (du grec amphi. autour, et skia, ombre), nom donné par les anciens géographes aux habitants de la zone torride, parce que leur ombre se projette ’vers le N. quand le soleil est au S. de l’équateur, et vers le S. quand l’astre est au N. de l’équateur. On les appelait encore Asciens (de a privatif et skia), c.-à-d. sans ombre, parce que, deux fois llan, le soleil étant directement au-dessus de leur tête, ils n’ont pas d’ombre a midi. On nommait Périsciens (de péri, autour, et de skia) les habitants de la région des cercles arctiques et antarctiques, parce que le soleil, a certaines époques de l’année, ne se couchant pas pour eux, l’ombre de leurs corps décrit une circonférence. B.

AlIlï{Hl’l’Hlš5’l’llE, du grec amphi, autour, et theatron, théâtre ; gránd édifice dans lequel.gn donnait au peuple romain des combats de gladiateurs, des chasses de bêtes féroces, et quelquefois des naumachies. Les am phithéâtres avaient, comme l’indique leur nom, la forme d’un double théâtre : au centre, une place ovale appelée l’arène, était réservée pour lesjeux, et tout autour s’élevaient des gradins montant presque jusqu’au faîte du monument.’- L’Ampltillzéátre Flavien, dont nous diröns un mot plus bas, et qui a été décrit en détail dans notre Dictionnaire de Biographie et zl’Histoire, au mot Colisée, donnant l’idée la plus exacte d’un amphithéâtre romain, nous l’avons fait représenter, en vue prise à vol d’oiseau, sur la page ci-contre ; suivez sur cette figure la description générale que nous allons poursuivre.- L’íntérieur de tout amphithéâtre était divisé en trois parties : l’arène, le podium, et les gradins. - Le libre et large espace du milieu de Pamphithéâtre s’appelait arena (sable), parce qu’il était couvert de sable, pour empêcher les gladiateurs de glisser, et pour que le sang qui coulait dans le combat put être facilement absorbé. Au milieu, on plaçait un autel pour sacrifier au dieu auquel l’amphi thé :îttre était consacré ; mais cet autel était enlevé pour le moment du combat. La grandeur de l’arène n’était pas toujours en proportion avec celle de llamphithéûtre ; mais elle occupait en moyenne un tiers du moindre diamètre de l’édifice. On pense que des souterrains se trouvaient sous l’arèn :~, au moins dans certaines parties ; car les animaux de combat sortaient quelquefois de dessous terre à l’uide de divers mécanismes ; et d’ailleurs, l’arène était parfois remplie d’eau, soit pour donner des naumachies, soit pour amener des crocodiles et autres amphibies qui s’attaquaient mutuellement. Des entrées dans l’arène étaient ménagées 21 chaque extrémité de ses deux axes ; une porte particulière, nommée libitinensis (porte de mort). servait à enlever les gladiateurs mis hors de combat. ljarùne était Bntourée d’un soubassement élevé de 4 ou 5 mètres, appelé podium, formant une plate-forme’où l’on établissant