Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

épargner un affront. Telle est à peu près l’idée qu’on doit se faire de ces sciences qui nous ont été transmises et qui sont aujourd’hui en vogue ; elles sont aussi stériles en effets que fécondes en disputes. Rien de plus tardif et de plus languissant que leurs progrès. Elles ont un air d’embonpoint dans leur tout, mais rien de plus maigre que leurs parties ; ce n’est qu’un fatras de maximes populaires suspectes à leurs auteurs même. Aussi a-t-on grand soin de les remparer avec un certain artifice et de les étaler avec une certaine adresse. Il y a plus : parlons-nous de ceux qui ont résolu d’essayer leurs forces, de s’appliquer sérieusement aux sciences et de reculer leurs limites ? ceux-là mêmes n’ont osé s’éloigner des routes battues et puiser aux sources mêmes des choses ; mais ils s’imaginent avoir fait quelque chose de grand, s’ils ont pu y ajouter et y greffer un peu du leur ; considérant avec une sorte de prudence qu’ils pourront tout à la fois se donner une apparence de modestie, par leur dé-