la mémoire une table rase, sur laquelle ensuite, avec une extrême lenteur, nous tracerons des lignes plus nettes et plus correctes. Car, si le trait primitif et fondamental est mauvais, avec quelque patience et quelque adresse que nous formions ensuite les traits accessoires qui viendront s’y attacher, la charpente étant mauvaise, la figure n’aura point de tout-ensemble, et ne sera la représentation exacte, ni du réel, ni du possible. Or, ce trait fondamental, la vraie charpente, la vraie base de la philosophie, ce sont des faits de toute espèce, choisis, constatés, circonstanciés, analysés avec soin, pris en différens sujets, variés dans le même sujet, vus, revus et vus encore, enfin rangés dans des tables coordonnées à notre but, c’est-à-dire à la recherche des causes, qui, une fois connues, enfanteront, par la méthode inverse, des légions de nouveaux faits, non pas de faits simplement spéculatifs et stériles, mais de faits actifs et prolifiques, je veux dire, de moyens et de signes. «
