Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/182

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noît naturellement toutes les vérités : c’est ce dont, sans contredit, l’on voit un exemple frappant dans Votre Majesté, dont l’esprit est si prompt à prendre feu à la plus légère occasion qui l’excite, et à la moindre étincelle de la pensée d’autrui qui vient à briller ; car, de même que l’écriture dit du plus sage des rois, qu’il eut un cœur semblable au sable de la mer, dont la masse est immense, et dont néanmoins les parties sont si déliées ; c’est ainsi que l’Être suprême a doué Votre Majesté d’une complexion d’esprit admirable, qui, tout en embrassant les plus grands objets, saisit aussi les plus petits, et n’en laisse échapper aucun ; quoique, dans l’ordre naturel, il paroisse très difficile, ou plutôt impossible, qu’un même instrument exécute les plus grands et les moindres ouvrages. Quant à votre élocution, elle me rappelle ce que Tacite dit de César Auguste : Auguste, dit-il, eut cette éloquence naturelle et soutenue qui sied à un prince. Certes, si nous y faisons bien attention,