Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/190

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(la vue et l’ouïe), nous dit-il : l’œil ne se rassasie point de voir, ni l’oreille, d’entendre. Que s’il n’y a point de réplétion, il s’ensuit que le contenant est plus grand que le contenu[1]. Car c’est l’idée qu’il nous donne de la science elle-même et de l’esprit humain, dont les sens sont comme les émissaires, par ces mots qu’il place à la fin de son calendrier, de ses éphémérides, où il marque le temps de chaque chose concluant ainsi : Dieu a tout ordonné, pour que chaque chose fût belle en son temps : il a gravé aussi dans leur esprit l’image du monde même ; cependant l’homme ne peut concevoir entièrement l’œuvre que Dieu exécute depuis le commencement

  1. Cette conclusion nous paroît aujourd’hui fort ridicule. Mais comme ce principe, que le contenant doit être plus grand que le contenu, étoit très familier aux Scholastiques ; il y avoit alors dans une telle conclusion autant de convenance et d’à-propos, qu’il y en aurait peu aujourd’hui. D’ailleurs, ce n’est ici qu’une ironie, et il se joue en les battant avec leurs propres armes.