Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/196

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science ; mais quant à Dieu, l’admiration seulement, qui est une sorte de science, mutilée. Aussi est-ce un mot d’un grand sens que celui de ce Platonicien, qui a dit que le sens humain ressemble au soleil qui dévoile le globe terrestre, mais en voilant le globe céleste et les étoiles. C’est ainsi que les sens manifestent les choses naturelles, et couvrent d’un voile les choses divines ; et c’est par cette raison même que, dans ce petit nombre des plus savans, quelques-uns sont tombés dans l’hérésie, lorsque, portés sur les ailes de cire des sens, ils ont voulu s’élever aux choses divines ; car s’il est question de ceux qui présument que trop de science fait pencher vers l’athéisme, et que l’ignorance des causes secondes enfante une religieuse déférence pour la première, je les interpellerois volontiers par cette question de Job : faut-il donc mentir en faveur de Dieu, et convient-il, pour se rendre agréable à lui, de tenir des discours artificieux ? Il est évident que, dans le cours ordinaire de