Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais à une certaine foiblesse, à une certaine mollesse de corps et d’ame. Ce sont des hommes de cette espèce que désigne Sénèque lorsqu’il dit : il en est qui aiment tellement l’ombre, que tout ce qui est exposé au jour leur paraît trouble. Vous en trouverez peut-être qui, se connoissant bien à cet égard, s’adonnent aux lettres ; mais ce n’est pas la science elle-même qui donne et qui enfante un tel caractère. Que si quelqu’un n’en voulant pas démordre, disoit encore que les lettres consument trop de temps et un temps qui pourroit être mieux employé à autre chose ; je dis qu’il n’est point d’homme tellement obsédé par les affaires, qu’il n’ait ses heures de loisir, en attendant le retour des heures de travail et le reflux de l’action, à moins qu’il ne soit prodigieusement lent à expédier, ou que, par une ambition peu honorable, il ne tâche de s’emparer de toutes sortes d’affaires. Reste donc à savoir en quoi et comment il faut employer ces heures de loisir qu’on aura su se ménager : sera-ce aux études