Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/217

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prétendue censure qu’il exerça contre les lettres, partoit plutôt d’une certaine gravité affectée, que de ses vrais sentimens. Quant à ce qui regarde les vers de Virgile, il a pu, se donnant carrière, insulter à l’univers entier, et réserver pour les Romains les arts propres au commandement, en abandonnant aux autres nations les autres arts, comme serviles et populaires. Il est pourtant un fait qu’il ne pouvoit nier ; savoir que les Romains ne se sont élevés au faîte de la puissance qu’à l’époque même où les arts étoient parvenus au comble de la perfection. Carles deux premiers Césars, hommes si supérieurs dans l’art de gouverner, eurent pour contemporains ce Virgile même, le premier des poëtes ; Tite-Live, le premier des historiens ; Varron, le premier de tous les antiquaires ; et Cicéron, le premier des orateurs, ou peu s’en faut ; tous hommes qui, au jugement de tous les siècles, furent les premiers, chacun dans son genre. Enfin, quant à l’accusation intentée à Socrate,