Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/323

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s’appercevant que l’acclamation étoit foible et n’entendant qu’un petit nombre de voix, prit le parti de tourner la chose en plaisanterie, et comme si l’on se fut trompé dans son surnom, je ne suis pas roi, dit-il, mais César : parole telle que, si on l’analyse avec soin, on trouvera qu’il est difficile d’en faire sentir tout le poids et toute la force. 1o. Il se donnoit l’air de refuser ce titre de roi ; mais ce refus n’étoit rien moins que sérieux. De plus, par ce mot il témoignoit un certain sentiment de sa supériorité et une rare magnanimité. Il donnoit à croire que le nom de César lui sembloit plus illustre que le titre de roi ; et c’est ce qui est en effet arrivé et a encore lieu aujourd’hui. Mais ce qui lui importoit le plus, c’étoit que par ce mot il alloit à ses fins avec une adresse admirable : à l’aide de ce mot, il faisoit entendre que le sénat et le peuple romain contestoient pour fort peu de chose avec lui, qui étoit déjà en possession de toute la réalité de la puissance royale, savoir pour un sim-