Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/333

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pas d’user des facultés de son ame et d’exercer sa vertu ; mais il s’amende continuellement et sa vertu va croissant de jour en jour. Enfin, pour tout résumer en peu de mots, il est hors de doute qu’il n’y a, entre la vérité et la bonté, d’autre différence que celle qui se trouve entre le cachet et son impression ; car la vérité est le sceau de la bonté ; et c’est, au contraire, des nuages de l’erreur et du mensonge que s’élancent avec fracas les tempêtes des vices et des passions immodérées.

De la vertu passons à l’empire et à la puissance, et voyons s’il est une puissance et une domination comparable à celle dont la science revêt, pour ainsi dire, et couronne la nature humaine. Nous voyons que la dignité du commandement se proportionne à la dignité de ceux à qui l’on commande. L’empire sur les animaux, soit grands, soit petits, tels que celui des bouviers et des bergers, est chose vile : commander à des enfans, comme les maîtres d’école, est peu honorable : régner sur des esclaves est plu-