Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/64

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DU TRADUCTEUR.

de l’emporter sur une ame fière et élevée, dans ce genre de combat si honteux, où elle rougirait de sa victoire, et de se prévaloir de sa noble insouciance. Et la postérité, entends-je dire, comptez-vous aussi pour rien son jugement ? Or, celui qu’ont porté sur Bacon ses contemporains, a été confirmé par les deux siècles suivans. La postérité, répondrai-je, est aussi composée d’hommes, et par conséquent d’êtres, les uns crédules et envieux, les autres envieux et menteurs, croyant le mal, doutant du bien, se trompant eux-mêmes à dessein pour mieux tromper les autres, dont l’oreille, toujours ouverte aux accusations, est presque toujours fermée aux justifications. Pour juger, avec connoissance de cause, du caractère de Bacon, il faudroit avoir vécu avec lui, et être bien sûr de soi ; il faudroit avoir apprécié, mesuré et nombré ses bonnes et ses mauvaises actions. Avez-vous ce compte, cette évaluation et cette mesure, ô censeurs ! si sévères pour les autres, et si