Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/195

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losophies qui ne roulent que sur de pénibles subtilités, qui sont affirmatives, tran-

    sectes de la philosophie des Grecs. Leur but commun, ainsi que le nôtre, étoit le bonheur ; et leur moyen commun, la tranquillité d’âme, qu’ils appelloient l’ataraxie, but auquel ils tendoient par trois routes différentes.

    Socrate, ses vrais disciples et les Stoïciens, par la vertu, d’après ce principe qui n’est rien moins qu’incontestable : il faut attacher son bonheur à ce qui dépend de soi ; et la vertu seule dépend de nous : les sceptiques et les académiciens, par l’indifférence pour toutes les opinions, indifférence dont l’effet n’étoit pas de les laisser dans un doute perpétuel, comme on le pense communément, mais au contraire de les délivrer du doute, ou du moins de ce qu’il a de pénible ; le doute n’étant pénible, et même possible, qu’autant qu’on veut saisir la vérité, ou faire prédominer son opinion : enfin, les Épicuriens, par un mépris complet pour la religion et pour toutes les opinions qui causent plus de tourment que de plaisir ; car, sous ce nom de volupté, ils comprenoient les plaisirs des sens, ceux du cœur, ceux de l’imagination et ceux de la raison ; ce qui réduit à zéro presque toutes les objections faites contre eux. Mais ces trois sectes de philosophie se trompoient également