Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/197

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les ramener et les ajuster à certains principes fixes et à certaines mesures inva-

    ment malheureux, puisque la vie est pleine de maux inévitables, et qu’il est impossible de jouir sans commencer par souffrir, par souffrir du moins les privations qui sont la semence du plaisir ; sans compter que tout homme irreligieux est privé, dans l’adversité, de toutes les consolations et de toutes les espérances qui découlent de la religion, et que, pour pouvoir vivre avec ce vulgaire qu’on méprise, et dont on ne peut se passer, il faut absolument adopter une partie de ses opinions, ou du moins parler et agir comme si on les adoptoit. 2°. Les trois sectes se méprennent également par rapport au but. Cette perpétuelle tranquillité d’âme à laquelle ils tendoient, est le paradis des poltrons et des fainéans, et n’étoit qu’un besoin local pour ces philosophes dont la plupart, las de la démocratie sous laquelle ils vivoient, soupiroient après le repos. Il est des hommes énergiques et turbulens, auxquels l’agitation est tout aussi nécessaire que la tranquillité l’est à leurs opposés, et qui craignent plus l’ennui que la fatigue et le danger. Enfin le bonheur de l’homme n’est ni dans le repos, ni dans l’action, mais dans une certaine proportion entre l’action et le repos : proportion qui, dans un même temps, varie pour les différens individus,