Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/275

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tant de prix à cette sorte de jouissance, qu’il ne pouvoit se résoudre à faire le plus petit changement dans la maison paternelle, quoiqu’elle fût de très peu d’apparence, pour ne rien perdre des douces images que retraçoit dans sa mémmoire la vue de ce lieu où il avoit passé ses premières années. Il se faisoit même un plaisir, dans les jours de solemnité, de boire dans une coupe de bois bordée d’argent, qui avoit appartenu à son aïeule.

95. Rien n’est plus salutaire et plus avantageux aux esprits, qu’un changement graduel en mieux, qui suit le progrès de l’âge. Il faut tâcher de se gouverner durant la jeunesse et l’âge mûr, de manière à se ménager de nouvelles douceurs, une meilleure situation dans sa vieillesse, et, avant tout, un loisir honnête et modéré. Ainsi c’est commettre une sorte de suicide, que de vouloir conserver ses honneurs jusqu’à la fin, et de ne pouvoir se résoudre à la retraite, quand un âge avancé commande le repos, quoi-