Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/143

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nombre, qui regarde la guerre comme son unique ressource, et qui, en conséquence, la souhaite, est un signe assuré et infaillible qu’un état est disposé aux troubles et aux séditions. Si ce grand nombre d’hommes ruinés, obérés et nécessiteux, se trouve en même temps dans les hautes classes et parmi le bas peuple, le danger n’en est que plus grand et plus imminent ; car les pires révoltes sont celles qui viennent du ventre[1]. Quant aux mécontentemens, ils sont dans le corps politique, ce que les humeurs corrompues sont dans le corps humain ; leur effet ordinaire étant aussi d’exciter une chaleur excessive, et d’y causer une inflammation. Mais alors le prince ou le gouvernement ne doit pas mesurer le danger sur la justice ou l’injustice des motifs qui ont ainsi aliéné les esprits ; ce seroit

  1. Les deux principales causes qui rendent l’homme féroce, sont la faim et le désir de la vengeance, comme le prouve l’exemple des sauvages do l’Amérique septentrionale.