Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/307

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s’abaisser à demander soi-même une grâce, et à supplier, etc. mais toutes ces mêmes choses, qui seroient peu séantes dans la bouche de celui qu’elles intéressent personnellement, ont toujours bonne grâce dans celle d’un ami. De plus, il n’est personne qui n’ait des relations d’où naissent certaines convenances qu’il ne doit pas oublier, et qui le gênent souvent. Par exemple : on est obligé de prendre, avec son fils le ton d’un père ; avec sa femme, le ton d’un époux ; avec un ennemi, un ton soutenu, etc. au lieu qu’un ami peut prendre le ton et le style qu’exigent les circonstances, sans être lié alors par de telles convenances. Mais si je voulois faire l’énumération de tous les avantages qu’on peut tirer de l’amitié, cet article seroit immense[1]. Tout est

  1. Notre auteur auroit pu, sans grossir excessivement cet article, ajouter aux avantages dénombrés et analysés, le plaisir d’aimer et d’être aimé ; plaisir qu’on peut goûter en attachant peu d’importance à sa fortune et à sa réputation, et en regardant le monde comme une auberge et comme une auberge ambulante.