Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/333

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un terme beaucoup plus long. C’est l’avidité d’un gain précoce qui a ruiné la plupart des colonies. Cependant on ne doit pas trop négliger des profits qui viennent un peu vite, lorsque le fonds qui les donne, c’est-à-dire, la colonie, n’en souffre point.

C’est une entreprise honteuse et fort mal entendue, que de vouloir former une colonie avec l’écume et le rebut d’une nation ; je veux dire, avec des malfaiteurs, des bannis, des criminels condamnés ; c’est la corrompre et la perdre d’avance[1]. Les hommes de cette

  1. Un peuple qui veut se multiplier, y doit employer sa semence, et non ses déjections. Cependant l’exemple de Rome prouve assez qu’une colonie qui doit s’établir et s’agrandir par la guerre, n’en vaut que mieux, lorsqu’elle est composée de bandits : pour voler, il faut des voleurs. Aussi voit-on que les Romains ont volé l’univers avec beaucoup de noblesse, et se sont conduits avec tant d’équité envers toutes les nations auxquelles ils ont eu affaire, qu’à la fin ils ont étó maîtres de tout.