Page:Bacon - Œuvres, tome 12.djvu/346

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lité, qu’autant qu’on prend plaisir à les répandre ; tout le reste n’est qu’une vaine opinion, et qu’un bonheur en idée. Où se trouve beaucoup d’opulence, se trouvent aussi beaucoup de gens qui en profitent. Quel avantage, au fond, procure-t-elle à celui qui en est le possesseur ? tout au plus celui de voir tout ce gaspillage, le simple plaisir des yeux. Ainsi, on ne jouit point soi-même de la totalité d’une grande fortune[1]. Voici tout le fruit des richesses : la peine de les garder, le soin de les dispenser, ou le sot plaisir de les étaler, voilà tout ; mais elles ne procurent au possesseur aucun avantage solide. Savez-vous pourquoi on a attaché un prix imaginaire à certains cailloux brillans, et pourquoi on a entrepris tant de fastueux ouvrages ? C’étoit afin que les grandes richesses semblassent être bonnes à quelque chose. Mais, di-

  1. On jouit soi-même d’une partie, et on jouit de l’autre, en en faisant jouir ceux à qui on la donne.