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DES PRINC. ET DES ORIGIN.

la fable que nous expliquons personifie Cupidon, et lui attribue une enfance éternelle, des ailes, un arc et des flè-


    physique ne pouvant faire des progrès, ni prendre un accroissement réel que par la multiplication et l’accumulation méthodique des expériences et des observations en ce genre, il semble que les derniers siècles qui peuvent profiter de toute l’expérience des siècles antérieurs doivent être mieux instruits ; mais ce n’est peut-être qu’un préjugé. Car, si les premiers siècles ont moins de connoissances, ils ont plus de bon-sens, et savent mieux profiter du peu d’expérience qu’ils ont ; parce qu’ayant beaucoup de peine à se procurer les choses nécessaires à la vie, ils en sont presque uniquement occupés, et n’ont ni le desir, ni le temps de courir après des bagatelles ; au lieu que les derniers siècles, qui se procurent aisément toutes les commodités et les douceurs de la vie, ont le desir, le pouvoir et le temps de s’occuper de choses inutiles : ils sont moins occupés à se vêtirr qu’à faire leur toilette. Les premiers siècles sont, à cet égard, aux derniers, ce que les classes les plus pauvres de la société qui se trouvent dans une situation assez semblable à celle des premiers siècles, sont aux classes les plus riches, qui semblent profiter seules ou presque seules des inventions des derniers