Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/356

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des deux armées porteroient assez loin pour frapper l’ennemi, ceux de l’autre tomboient entre deux : or, personne ne doute que l’action du soleil ne parvienne jusqu’à la terre ; et personne, au contraire, n’oseroit assurer que celle de la terre s’étend jusqu’à cet astre. En effet, de toutes les vertus (forces, qualités ou modes) qu’enfante la nature, la lumière et l’ombre sont celles qui se portent aux plus grandes distances, et dont la sphère d’activité a le plus d’étendue ; car l’extrémité de l’ombre de notre globe tombe en deçà du soleil[1], au lieu que la lumière du soleil passeroit à travers le globe terrestre, s’il étoit transparent. Or, ce chaud et ce froid dont nous parlons, ne se portent jamais à d’aussi grandes distances que la lumière et l’ombre : d’où il

  1. Au-delà ; car assez communément l’ombre ne tombe pas entre le corps lumineux et celui qui fait ombre ; mais il veut dire que l’extrémité de l’ombre de la terre se porte à une distance moindre que celle où le soleil est de cette planète.