Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/263

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temps, ni le même individu, en différons temps, ne doivent pas, soit quant à l’espèce, soit quant au degré, recevoir précisément les mêmes impressions, éprouver les mêmes sentimens, avoir les mêmes idées, ni se former la même opinion, à l’occasion des mêmes choses, quoique tous sans distinction, dans le même temps et le même homme, en différens temps, leur donnent les mêmes noms. Ainsi, les sensations actuelles ne peuvent nous procurer de vraies lumières sur les corps extérieurs, sur l’univers, et nous ne pouvons acquérir en ce genre de solides connoissances que par la raison qui, comparant ces sensations diverses, en extrait ce qu’elles ont de commun et de constant, pour en former ce qu’on appelle des notions abstraites et générales qui, par leur union ou leur séparation forment les principes ou énoncés de causes, modèles des moyens dont la pratique est composée ; et c’est ainsi que notre négligence ou notre attention, en observant les objets, en formant les notions, et en composant les principes remplissant notre esprit de causes, vraies ou fausses, de moyens réels ou chimériques, nous fait échouer ou réussir dans l’exécution.

(b) Les Némésis. De toutes ces Némésis, la plus révérée parmi les anciens, étoit celle qui répondoit à peu près à notre Providence divine, et dont il est fait mention dans la vie du sage Paul