Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/338

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Mais cette période même où l’on s’attachoit avec ardeur à l’étude de la nature, fut bientôt infectée de l’esprit de contradiction et de la fureur d’innover en matière d’opinion, qui la rendirent inutile au progrès de la véritable science. Ainsi la philosophie naturelle ayant été si négligée et arrêtée par de si grands

    préjugé diviseur et destructeur sur lequel sont fondées toutes les sociétés humaines dont l’édifice porte à faux ; et ôtant toujours du problème cette difficulté insurmontable, il le résout à son aise et sans utilité pour ses disciples. Mais cette cause continue travaillent contre lui tandis qu’il parloit, et il perdit son temps comme nous perdons le nôtre. Il paroi aussi qu’il ne sut pas vivre avec ses concitoyens, puisque ses concitoyens ne voulurent pas qu’il vécut avec eux, et que, pour prix de ses ironies, ils l’empoisonnèrent.

    Qu’était-ce donc que cette morale qui produisit un tel fruit ? Une science incomplète, un instrument d’orgueil que l’orgueil brisa. La vraie morale ressemble fort à la physique, parce que les hommes ressemblent fort à des machines. Il faut bien leur parler des corps, puisqu’ils en ont un, qui fait au moins la moitié de leur individu.