Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/410

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mencer tout, et appliquer de nouveau aux faits particuliers son entendement bien aplani, et, pour ainsi dire, tout ras. Aussi cette philosophie, que nous tenons de la seule raison humaine, abandonnée à elle-même, n’est-elle qu’un amas, qu’un fatras, composé du produit de la crédulité, du hazard, et de ces notions que nous avons sucées avec le lait.

Mais s’il paroissoit un homme d’un âge mûr, qui, avec des sens bien constitués et un esprit purifié de toute prévention, appliquât de nouveau son entendement à l’expérience, ah ! ce seroit de cet homme-là qu’il faudroit tout espérer. Or, c’est en quoi nous osons nous-mêmes aspirer à la fortune d’Alexandre-le-Grand et qu’on n’aille pas pour cela nous taxer de vanité, avant d’avoir vu la fin d’un discours dont le but propre est de bannir toute vanité. Car c’étoit ainsi que s’exprimoit Eschine, en parlant du grand Alexandre et de ses exploits : certes, cette vie que nous