Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/431

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bien des choses déjà connues sont de telle nature, qu’avant qu’elles fussent découvertes, il étoit difficile d’en avoir même le simple soupçon : que dis-je ! on les eût regardées comme impossibles, méprisées comme telles, et l’on n’eût pas daigné s’en occuper. Car les hommes jugent ordinairement des choses nouvelles par comparaison avec les anciennes[1], auxquelles ils les assimilent,

  1. Tout jugement, et même tout énoncé de sensation est comparatif ; et renferme, soit explicitement, soit implicitement, une comparaison, et le plus souvent avec l’espèce on la quantité opposée à celle que l’on affirme : j’ai froid, signifie je voudrois avoir chaud, et en parlant ainsi, on pense à cette sensation de chaleur qu’on voudrait éprouver : j’existe, certainement l’intention de celui qui parle ainsi, est de dire : je ne suis pas dans le néant, ou je ne suis pas mort. Tout ce qu’on dit, on ne l’affirmeroit pas, si l’on ne pensoit À une chose opposée, ou seulement différente, ou moindre, ou plus grande, ou égale, ou semblable, etc. avec laquelle on le compare. Mais si la simple affirmation suppose toujours quelque comparaison, à plus forte raison l’invention, et