Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/99

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courbure ; l’esprit humain, lorsque les objets l’affectent vivement par l’entremise des sens, ne réfléchit que de fausses images, et à la nature des choses mêle sa propre nature. Ainsi, la première tâche qui nous est imposée est de licencier et de bannir à jamais ces innombrables légions de théories qui ont livré de si grands combats. Notre seconde tâche est de débarrasser l’esprit humain des entraves que lui ont mises les fausses méthodes de démonstration. La troisième est de réprimer cette force séductive d’où naissent toutes les illusions de l’entendement, et d’en extirper tous les fantômes innés, ou du moins, s’ils ne peuvent l’être entièrement, de les désigner assez clairement pour qu’ils cessent d’en imposer, et que les objets reparoissent tels qu’ils sont ; car cette peine et ces précautions que nous prendrions pour ôter toutes les erreurs en philosophie, deviendraient inutiles, quelquefois même nuisibles si ensuite, de la vicieuse constitution de l’esprit humain, qui en est