Page:Bacon - Œuvres, tome 6.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sophismes dont on se paie volontiers, parce qu’ils sont précis, tranchans et expéditifs. La forme la plus commune de cette sorte de sophismes consiste à dénombrer seulement les avantages d’un moyen, d’un système, d’un plan proposé, sans parler de ses inconvéniens ; ou ses inconvéniens, sans parler de ses avantages. Aussi est-il aisé de les rétorquer, en dénombrant les effets contraires à ceux dont l’adversaire à fait l’énumération, et ne disant rien de ces derniers. Voici un exemple d’un dilemme direct et de la rétorsion :

Si une monarchie fait toujours de mauvais élèves, les élèves d’une monarchie n’ont donc jamais d’aptitude pour la république ; et si les élèves d’une monarchie peuvent avoir de l’aptitude pour la république, il n’est donc pas vrai que la monarchie fasse toujours de mauvais élèves. Ainsi, dans les deux cas, il faut les laisser vivre sous la monarchie. On peut répondre : s’ils reçoivent une mauvaise éducation sous la monarchie, il faut les mettre en république pour les élever mieux ; et si la monarchie les a bien élevés pour la république, il faut les faire vivre sous le gouvernement pour lequel la monarchie les a si bien élevés. Ainsi, dans les deux cas, il faut les constituer en république. L’on voit que le vice de ces deux raisonnemens dépend de deux énumérations incomplètes en sens contraires.