Page:Bacon - Œuvres, tome 6.djvu/330

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mière, de deux sentimens, ou partis proposés, l’un ou l’autre devant nécessairement être choisi, dès qu’on rejette l’un, on est forcé d’adopter l’autre ; au lieu que, dans la seconde forme, les deux opinions ou résolutions ne pouvant être réunies, dès qu’on adopte l’une, on est forcé de rejeter l’autre.

La première forme sert à déterminer les gens incertains ou irrésolus qui, ayant à opter entre deux opinions ou deux résolutions, ne peuvent se résoudre à prendre l’une ou l’autre et voudraient les rejeter toutes deux à la fois. La seconde, à réprimer ces gens qui veulent réunir deux sentimens où deux partis incompatibles ; elle les force à rejeter l’un en adoptant l’autre, et à se contenter de ce qu’elles peuvent saisir.

À chaque instant nous avons occasion de faire de ces raisonnemens. Il est une infinité de biens, par exemple, de vertus et de talens, d’amis, de places, de succès, d’avantages, qu’il seroit doux de pouvoir réunir, mais qui, à certains degrés, sont incompatibles dans un même sujet et dans un même temps, parce que ces vertus on ces talens exigent dans le sujet des dispositions contraires qui, dans leur plus haut degré, s’excluent réciproquement, du moins dans un même temps. Il est aussi beaucoup de situations où l’on est forcé d’opter entre deux maux ou deux inconvéniens