Page:Bacon - Œuvres, tome 7.djvu/401

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Expériences et observations sur le mélange des sons.

224. Une différence très sensible qu’on peut observer entre les espèces immatérielles, relatives à la vue, et celles qui se rapportent à l’ouïe, c’est que les premières traversent le milieu commun, sans s’y mêler les unes avec les autres ; au lieu que les dernières s’y confondent. Car, si l’on promène ses regards dans l’espace, on y aperçoit une infinité d’étoiles, d’arbres, de montagnes, d’hommes, d’animaux ; or, ces objets, d’un seul regard, on les voit tous à la fois, et leurs images se peignent sans confusion au fond de l’œil ; au lieu que, si une telle multitude de sons venant de différens lieux, se faisoient entendre tous à la fois, il n’en résulteroit que des sons très confus ; ou le plus fort de ces sons effaçant tous les autres, seroit le seul qui se fit entendre. C’est ainsi que du concours de plusieurs sons fort différens et tempérés les uns par les autres, résulte l’harmo-