Page:Bacon - Œuvres, tome 9.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’on peut voir distinctement avec ses seuls yeux ?

D’un autre côté si l’esprit demeuroit trop long-temps et uniquement attaché aux simples faits sans les diriger vers aucune théorie, dont il pût déduire quelque pratique, il se perdroit dans leur innombrable et confuse multitude ; il désespéreroit de voir jamais un terme à ses vagues excursions ; il jugeroit impossible ce qu’il n’auroit jamais tenté, et ce qui ne seroit que difficile. Enfin accoutumé à cette science, passive, machinale, perdant pour toujours des forces qu’il n’auroit jamais exercées, et découragé par le sentiment de sa foiblesse, il ne seroit plus en état de marcher vers le but philosophique ni même de souffrir que des esprits plus vigoureux et plus méthodiques y tendissent.

Aussi notre auteur ne s’est-il pas contenté de donner une histoire purement passive, toute composée de faits, pris au hazard, isolés et sans objet. En les exposant il a toujours un but, et un