Page:Bacon - Œuvres, tome 9.djvu/17

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tances dont nous ne fûmes pas les maîtres, nous ont fait une habitude qui les a convertis pour nous en vrais besoins. Au lieu d’imposer aux autres les privations qu’il s’impose à lui-même, il les conduit, par un sentier plus facile à la vraie philosophie : en se prêtant d’abord à leurs goûts frivoles, et substituant par degré à ces jouets que l’habitude leur a rendus nécessaires, des objets plus sérieux il travaille invisiblement à leur donner des goûts plus nobles, et par cette condescendance même, il y réussit  ; dirigé constamment par ce grand et solide principe : pour s’assimiler les autres hommes, il faut commencer par leur ressembler un peu, et pour gagner leur confiance, se faire petit avec eux.

Telle est, du moins à nos yeux, la saine, la vraie philosophie ; à ce choix judicieux, et à cette marche si habilement graduée nous reconnoissons le praticien, l’homme instruit à l’école du malheur, et qui lit toutes les foiblesses humaines, dans le sentiment profond et