Page:Bacon - Œuvres, tome 9.djvu/401

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que qu’elle est, peut lui donner cent fois plus d’activité, d’industrie d’audace et de persévérance qu’il n’en auroit eu sans cette illusion. Or, qui ne sait ce que peut, dans le conflit des intérêts humains, une industrieuse, infatigable et audacieuse activité ? Ne voit-on pas journellement que la seule audace suffit pour subjuguer et enchaîner les âmes foibles ? L’état des affaires humaines est si variable en lui-même, et les hommes, par leur propre instabilité, donnent tant d’avantage sur eux, que tout individu qui s’attachant sérieusement à son objet, réitère et varie continuellement ses tentatives, sans jamais lâcher prise, obtient enfin des succès qui tiennent du miracle[1]. Ce seroit donc, en trompant les autres, et se trompant soi-même, s’abu-

  1. Un homme infatigable lasse tous les autres ; tout homme qui se lasse est né pour obéir ; l’obstiné périt où reste le maître ; et la patience use tous les obstacles.