Page:Bacon - Œuvres, tome 9.djvu/404

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stance qui porteroit à croire que tous ces prodiges que les accusés croyoient avoir été opérés par eux ou sur eux, étoient de purs jeux de leur imagination. Car on sait d’ailleurs que certaine onguens appliqués sur tout le corps, pour peu que la couche soit épaisse, peuvent produire tous ces effets, en obstruant les pores de la peau, en répercutant à l’intérieur la matière des deux transpirations, et en déterminant les vapeurs à la tête en très grande quantité. Quant aux ingrédiens particuliers qu’on employoit pour ces onctions, c’étoient probablement des opiates et des narcotiques. Car on sait assez que de simples onctions sur le front, sur la nuque du cou, à la plante des pieds, sur l’épine dorsale, suffisent pour occasionner un sommeil très profond, où le sujet paroît comme mort[1]. Et si quelqu’un prétendoit qu’on

  1. Le traducteur latin dit, somnis lethalibus (des sommeils mortels) ; cependant l’original anglois dit, dead sleeps, et non deadly sleeps ; mais