Page:Bacon - Œuvres, tome 9.djvu/508

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tres, suivre cette marche sophistique, qui est la principale source de la superstition ; car on voit qu’ils remarquent avec soin toutes les assertions qui quadrent avec les événemens, et font peu d’attention à celles qui n’y sont pas conformes ; ne se rappelant que les premières et oubliant tout à fait les dernières. Mais la divination et ces pres-

    nations, connue des spectateurs dont la plupart étoient guerriers de profession, aura d’abord réveillé dans leur esprit l’idée de bataille. Puis, cette idée combinée avec des conjectures fondées sur la connoissance qu’ils avoient du plus ou moins de capacité de leur général, ou de courage de leurs soldats, aura fait naître l’idée de victoire, ou de défaite. Or, (comme une multitude d’hommes s’affectent en commun, avec une promptitude et une facilité prodigieuse, sur-tout par rapport à un événement qu’ils craignent ou désirent tous très vivement), cette dernière idée une fois née dans l’esprit de deux ou trois spectateurs, et exprimée avec tous les gestes propres à la joie, ou à l’affliction, sera bientôt devenue générale, et aura occasionné ces exclamations dont parle l’auteur. Voilà encore un miracle décomposé, etc.