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UN MOT


Ce petit livre est œuvre de conscience, je l’ai fait tirer cent exemplaires, et je doute qu’il trouve cent lecteurs.

On s’intéresse peu aujourd’hui à ces questions de poésie-ouvrière, qui ont tant excité de controverses, rien de plus juste au fond ; l’intelligence marche, et ce qui était palpitant hier est d’un faible intérêt aujourd’hui.

C’est pour moi une satisfaction vive, d’avoir réunis de bons souvenirs, qui m’ont, en les écrivant, fait revivre ces chers disparus. Je les ai aimés, ma main a pressé les leurs, et ce n’est pas sans quelques serrements de cœur que j’ai retracé leurs vies, leurs luttes... et leur mort.

Vieillesse est tristesse ce n’est pas seulement parce qu’elle éteint nos facultés l’une après l’autre que la vieillesse est triste, c’est surtout parce qu’elle amène avec elle l’isolement. Un cherche autour de soi ceux qui ont vécu de votre vie intellectuelle, ils étaient vieux, ils sont morts... sans compter ceux qui nous ont quitté en pleine jeunesse,

Et maintenant, tout petit livre, tu vas aller rendre visite à quelques nouveaux amis, qui t’accueilleront, je l’espère, comme un écho du passé.