Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

même l’Archiduc Leopold Comte De Tyrol malgré les affaires que le Maréchal d’Estrées et le Sieur De Haraucourt maréchal de camp luy donnoient dans la Valteline, et dans le Comté De Chiavenne. Par ce moyen M Descartes trouva dans Rome un abrégé de toute l’Europe, et ce concours luy parut si favorable à la passion qu’il avoit toûjours euë de connoître le genre humain par luy-même, qu’au lieu de passer son têms à éxaminer des édifices, des antiques, des manuscrits, des tableaux, des statues, et les autres monumens de l’ancienne et de la nouvelle Rome, il s’appliqua particuliérement à étudier les inclinations, les mœurs, les dispositions, et les caractéres d’esprit dans la foule et le mélange de tant de nations différentes. Cette commodité le dispensa de faire d’autres voyages, et luy ôta l’envie d’aller au fonds de la Sicile et de l’Espagne chercher les peuples qui luy restoient à voir.


Mr Descartes demeura dans Rome jusqu’au commençement du printêms : et il méditoit actuellement son retour en France, lorsque le pape nomma le Cardinal François Barberin son neveu pour y aller en qualité de legat.

Les espagnols qui depuis long-têms sembloient disposer de la cour de Rome par le nombre et le credit des créatures qu’ils y entretenoient, et par les grandes possessions qu’ils avoient en Italie, soupçonnoient ce pape d’avoir les inclinations françoises, parce qu’il ne s’intéressoit pas assez ouvertement à la perte qu’ils venoient de faire de la Valteline.

Ce fut pour les desabuser ou pour les appaiser, que par un bref datté du 26 De Mars 1625 il envoya son neveu legat en France, avec commission de demander deux choses au roy ; la prémiére,