Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de cœur. Il étoit de prés de huit ans plus jeune que M Descartes, et il vêcut douze ans aprés luy.

Il avoit été reçû dans l’académie dés l’an 1634, avec Messieurs Voiture et De Vaugelas : et il eut pour successeur dans cette place M Furetiére l’an 1662.

Il semble qu’on pourroit aussi rapporter au têms de la demeure de M Descartes à Paris, l’amitié qu’il eut avec M Frenicle, qu’il appelle souvent M De Bessy simplement ; avec M De Sainte Croix, M De Marandé, et M Picot, quoi que je n’aye pu encore fixer le commençement de leur connoissance. M Frenicle Sieur De Bessy étoit parisien, mais originaire de la province de Bourgogne, et il passoit à Paris pour l’un des grands arithméticiens du siécle. Il y a eu deux hommes de lettres de ce nom en même têms, tous deux mathématiciens, tous deux poëtes. C’est avec l’ancien que M Descartes paroît avoir eu ses habitudes. Ils s’écrivoient quelquefois de l’un à l’autre : mais pour l’ordinaire le Pére Mersenne recevoit les questions ou les demandes de M De Bessy pour M Descartes, et les réponses ou solutions de M Descartes pour M De Bessy.

M De Sainte Croix, étoit un autre arithméticien insigne, mais encore plus intime amy de M Descartes.

Je crois que c’est le même que nous trouvons appellé par d’autres personnes André Jumeau, qui étoit prieur de sainte croix, et qui avoit été précepteur de M Le Duc De Verneuïl. M Descartes témoignoit estimer trés particuliérement la connoissance profonde que M De Sainte Croix avoit de l’arithmétique et de l’algébre : et il se faisoit un plaisir singulier de répondre à ses questions, parce qu’il y trouvoit presque autant de satisfaction que M De Sainte Croix en témoignoit pour ses réponses. Il mourut avant M Descartes.

Pour M De Marandé, l’on peut dire que ses livres l’ont fait assez connoître dans le monde. Mais il faut prendre garde de ne le pas confondre avec un ecclésiastique de même surnom et du même têms.

Celuy-cy se nommoit Léonard De Marandé, se qualifioit conseiller et aumônier du roy, et se mêloit de théologie. Mais l’amy de M Descartes étoit gréffier de la cour des aydes, et donnoit le reste du têms que luy laissoit son office à des traductions fra