Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/272

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mettre à la recherche des maladies et des remédes, il voulut sçavoir s’il y avoit moyen de trouver une médecine qui fût fondée en démonstrations infaillibles.

Et il pria agréablement le P Mersenne, qui lui avoit mandé au commencement de l’an 1630 qu’il étoit affligé d’une érésipéle, et ses autres amis, de conserver au moins leur santé jusqu’à ce qu’il fût parvenu à ce degré de connoissance dans la médecine.

Dans toute cette étude de médecine, comme dans celles qu’il faisoit en même-têms de la physique et de la métaphysique, il songeoit bien moins à se faire jamais connoître au public, qu’à s’instruire lui-même. C’est ce qui lui donna quelque repentir d’avoir laissé croire à ses amis à son départ de Paris, qu’il quittoit la France pour pouvoir plus commodément composer des écrits de sa philosophie, et d’avoir encore promis l’été dernier au P Mersenne un traité des météores au sujet du phénoméne des parhélies . Il en écrivit à ce pére au mois d’avril, pour lui faire part des sentimens qu’il en avoit. Il lui protesta que nonobstant la promesse qu’il avoit faite d’écrire, jamais il n’en éxécuteroit le dessein, sans la crainte de passer pour un homme qui n’en auroit point sçû venir à bout. Car je ne suis pas si sauvage, dit-il à son ami, que je ne sois bien-aise, si on pense à moi, qu’on en ait bonne opinion : mais j’aimerois beaucoup mieux qu’on n’y pensât point du tout. Je crains plus la réputation que je ne la desire, estimant qu’elle diminuë toûjours en quelque façon la liberté et le loisir de ceux qui l’acquiérent. Cette liberté et ce loisir sont deux choses que je posséde si parfaitement, et que je mets à si haut prix, qu’il n’y a point de monarque au monde qui fût assez riche pour les acheter de moi. Cela ne m’empêchera pas d’achever le petit traité que j’ay commencé ; mais je ne desire pas qu’on le sçache afin d’avoir toûjours la liberté de le desavoüer : et j’y travaille fort lentement, parce que je prens beaucoup plus de plaisir à m’istruire moi-même, qu’à mettre par écrit le peu que je sçai.

C’est ce qui me porte à vous prier de faire en sorte auprés de ceux qui croyent que je persévére toûjours dans le dessein d’écrire, qu’ils se défassent de cette opinion. Au reste je passe