Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/355

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traitez, parce que l’ordre qu’elle prescrivoit pour chercher les choses étoit différent de celuy dont il crut devoir user pour les expliquer.

Il commence ce discours de la méthode par diverses considérations touchant les sçiences. Il propose ensuite les principales régles de la méthode qu’il a cherchée pour son usage particulier dans la maniére de conduire sa raison. Aprés il avance quelques maximes de la morale qu’il a tirée de cette méthode. Puis il fait une déduction des raisons par lesquelles il prouve l’éxistence de Dieu, et de l’ame humaine, qui sont les fondemens de sa métaphysique. On y void ensuite l’ordre des questions de physique qu’il a cherchées, et particuliérement l’explication du mouvement du cœur, et de quelques autres difficultez qui regardent la médecine, avec la différence qui se trouve entre nôtre ame et celle des bêtes. En dernier lieu il y fait une déduction des choses qu’il croid être requises pour aller plus avant dans la recherche de la nature qu’on n’avoit fait jusqu’alors. Il finit en protestant que toutes ses vûës ne tendent qu’à l’utilité du prochain, mais qu’il est trés-éloigné de vouloir jamais s’appliquer à ce qui ne peut être utile aux uns qu’en nuisant aux autres , ne demandant pour toute reconnoissance à ceux qui devoient profiter de ses recherches, que la liberté de joüir de son loisir sans trouble.

Plusieurs ont considéré ce discours de la méthode de M Descartes comme la logique de sa philosophie : et il est difficile de n’être pas de leur sentiment, lors qu’on considére que la fin de sa méthode n’est autre que de former le jugement, et de prescrire des régles à l’esprit pour se conduire. Quelques uns ont prétendu que la véritable logique de M Descartes n’étoit autre que sa géométrie, parce qu’ils l’ont regardée comme la clef de tous les arts libéraux, et de toutes les sciences. Ils ont supposé dans cette pensée que sans le secours d’aucune autre régle ni connoissance qu’on dût avoir apprise auparavant, elle peut servir seule non seulement à nous faire juger trés-heureusement de tout ce qui concerne la philosophie, mais encore à faire une épreuve juste et certaine des inventions des autres, et à éxaminer ce qu’il y a de défectueux et de superflu dans ce qui a paru jusqu’ici, et ce qui reste à ajoûter pour porter les sciences et les arts à leur perfection, et pour les acquerir.

D’autres ont estimé que la vraye logique de