Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/359

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les plus subtils y trouveroient aussi assez de matiére pour occuper leur attention. J’avouë aussi que cette obscurité vient en partie, comme vous l’avez fort bien remarqué, de ce que j’ay supposé que certaines notions, que l’habitude de penser m’a rendu familiéres et évidentes, le devoient être aussi aux autres : sur quoi je me suis proposé de donner quelques éclaircissemens dans une seconde impression.

Ceux qui trouveront dans ce discours de la méthode d’autres endroits qu’ils jugeront avoir besoin d’éclaircissement, pourront être renvoiez aux commentaires qui ont été faits par les cartésiens pour les expliquer. Les plus importants des ouvrages qui ont paru sur ce sujet, sont le livre du Sieur Clauberg professeur de Duysbourg, qui publia deux ans aprés la mort de nôtre philosophe à Amsterdam une ample exposition de sa méthode, avec des défenses contre Revius et Lentz ou Lentulus ; et celuy du Pére Poisson prêtre de l’oratoire, qui fit imprimer à Vendôme en 1670 les remarques qu’il avoit faites sur cette méthode.

Ce n’étoit pas assez que les adversaires de M Descartes crussent ou voulussent faire croire qu’il ne connoissoit point d’autre logique que ce qu’il en debite dans sa méthode : il falloit encore qu’ils publiassent qu’il n’avoit point d’autre morale que les quatre maximes qu’il s’étoit prescrites pour la conduite particuliére de sa vie, et que nous avons rapportées à la fin du cinquiéme chapitre du prémier livre de cet ouvrage. S’il avoit prétendu rendre la prémiére de ces maximes générale et commune à toutes sortes de personnes, il faut avoüer que ce seroit fait de sa réputation parmi les chrêtiens. Elle consiste à obéïr aux loix de son pays ; à vivre dans la religion de ses péres ; à suivre un genre de vie qui soit également éloigné des deux extrémitez. Il n’y a aucune de ces trois conditions qui puisse faire rejetter cette maxime comme pernicieuse, si l’on considére que M Descartes ne l’a établie que pour un homme tout semblable à luy, c’est-à-dire pour un françois, pour un catholique, et pour un philosophe de vie commune que Dieu ne conduisoit point par les voyes de M De Chasteüil, de M De Pont-Château, de M De La Trappe, et des autres solitaires françois, que la providence à choisis parmi la noblesse et les sçava